Mercier et Camier, à l'exception des autres oeuvres en français, est écrit encore à la troisième personne et s'apparente davantage à Watt qu'aux Nouvelles et Textes pour Rien par exemple. Le cadre de ce roman est à nouveau reconnaissable, il s'agit d'une ville et de la campagne environnante. Les protagonistes Mercier et Camier entreprennent :
"Un voyage matériellement assez facile. Sans mers ni frontières à franchir à travers des régions peu accidentées, quoique désertiques par endroits."
Ce microcosme, "sans mers ni frontières", c'est l'Île dont parlait Malone déjà et cette Île de faible étendue sera sillonnée par Mercier et Camier, qui partageront leur temps entre la ville et la campagne.
"C'est une lande et un chemin étroit, sans bordure ni ombre, y déroule à perte de vue ses douces courbes alternantes."
"Le champ s'étendait devant eux (...) Il était de forme fort irrégulière et entourée de haies malingres, composées de vieilles souches d'arbres et de fourrés de ronces. Il y avait peut-être quelques mûres sauvages en automne. Une herbe bleue et aigre disputait le sol aux chardons et aux orties."
"Un chemin encore carossable traverse la haute lande. C'est l'ancien chemin des armées. Il coupe à travers de vastes tourbières à cinq cents mètres d'altitude, mille si vous aimez mieux. Il ne dessert plus rien. Quelques forts en ruines, quelques maisons en ruines. La mer n'est pas loin, les vallées qui descendent vers l'est permettent de la voir (...) Dans les plis de la lande des lacs sont cachés. Il faut quitter la route pour les voir, de petits sentiers y mènent, de hautes falaises les surplombent."
"C'était la vraie campagne déjà, haies vives (vives !), boue, purin, mares, rochers, bouses, taudis, et de loin en loin, un être indubitablement humain ..."