Castella, un entrepreneur, déprime. Il s'ennuie avec sa femme qui a transformé sa maison en "bonbonnière". On lui impose des cours d'anglais. Le grain de sable, c'est qu'il tombe amoureux de son professeur d'anglais, Clara qui le repousse. Clara est comédienne et retrouve souvent ses amis, artistes pour la plupart, dans le bar de Manie. Castella, pour se rapprocher d'elle, se fait introduire dans son cercle d'amis qui l'accepte pour profiter de son argent, tout en se moquant de lui, surtout de son côté "beauf" et inculte.
Le Goût des Autres est un film d’acteurs, lesquels ne se contentent pas de dire leur texte, mais en font ressortir les qualités par leur façon de parler, leur façon de bouger ; ils donnent l’impression de ne pas être acteurs, mais d’être réellement les personnages qu’ils incarnent, et c’est là une des grandes qualités du film. Les portraits qu’elle nous offre sont d’autant plus intéressants qu’ils sont incarnés par de très bons acteurs qui donnent une très grande densité à leurs personnages. La qualité de ces comédiens réside dans le fait qu’ils font exister les personnages tout en restant très discrets : les sentiments de Castella pour Clara ne sont pas étalés, mais sont prouvés par le simple regard qu’il lui porte ; et Moreno se demande toujours s’il a fait le bon choix sans jamais l’exprimer ouvertement.
La densité des personnages provient de la justesse et de la finesse de l’écriture. Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri traitent encore une fois des relations humaines, complexes et fragiles. Castella est un chef d’entreprise beauf et morose qui tombe sous le charme d’une actrice qui ne le lui rend pas ; Moreno est son garde du corps et entretient une relation avec Manie, une serveuse de bar qui a elle-même couché avec Deschamps, le chauffeur de Castella. Le couple de scénaristes exprime la difficulté de créer des relations et de les entretenir. Castella souffre de la solitude, Moreno a du mal à faire confiance aux autres, Deschamps est trop naïf... Jaoui et Bacri traitent également de l’hypocrisie et de la méchanceté inhérentes à la société, et démontrent l’absurdité du jugement trop rapide.
Pour conclure, Le Goût des autres est une sauvage critique de l'élitisme, c'est aussi une chorale sur les aléas de la vie, l'ouverture aux autres et le sectarisme. Un ouvrage d'art qui transgresse les interdits mentaux et adopte les coutumes étrangères. A l'usage, avoir le goût des autres, après de grandes bouffées d'amertume, est plutôt agréable. A condition de se remettre en question.